Thursday, October 19, 2006

Terrorisons la Nuit Blanche.




Lors de la conférence de presse de la 5éme Nuit Blanche, Christophe Girard parla d’un « moment de nonchalance », belle idée Baudelairienne et Benjaminienne qu’est la flânerie, mais il impossible que cela arrive avec l’encombrement que suscite un public d’1,5 millions de personnes. Il parla aussi d’une « pause avec du sens » permettant de « voir les monuments de manière excitante », cette excitation viendrait plus de l’effervescence de cette course à l’art, non pas d’une pause. 12 heures de sprint vers des lieux de démonstration.
Claire Moulène, dans les inrocks N°566, parle de cette festivité dans des termes à la fois réactionnaires et saltimbanques. La Nuit Blanche serait une « fête qui constitue l’un des axes majeurs de la politique de Paris » (élément à ne pas réfuter), mais Sophie Coignard avait déjà (dans « Le marchand de sable ») montré le caractère ostentatoire et ultracommunautariste de la multiplication des projets festifs organisés par la mairie de Paris. Faut-il donc préférer une exposition organiser par la Maison Louis Vuitton (avec toute la vanité qu’elle suscite) ou une « disneylandification » d’un moment offert à l’art (avec toutes les manipulations qu’elle engendre) ? Faut-il, comme beaucoup l'ont souligné, préférer et appuyer une politique culturelle sur la durée (qui institutionnaliserait aussi un peu plus les participations artistiques) et la nostalgie (méritée) des Grands Travaux de Malraux?
En vrac, quelques plaisirs offert ce soir-là : le concert glam-rock des Kingpins (photos ci-dessus), la vidéo «The beginning of something big » d’Olaf Breuning, parodie jouissive d’un film muet. L’installation des œuvres de Villéglé avec l’environnement sonore de Pierre Henry, complémentarité extrêmement juste des émotions que suscite ces œuvres. Les sculptures-projections d’Anhony McCall (artiste qui fut si peu reconnu et quasiment méconnu en France) et l’illumination « Bleu Klein » de la Place de la concorde (oublions celle de la Maison Vuitton qui reprend ce projet a son compte pour éclairer son bâtiment sur les Champs-Élysées). Les commerces de Frank Scurti, la pièce lumineuse de Carsten Höller (réactivation de celle faite au Consortium), la stupéfaction devant l’anéantissement de l’œuvre de Félix Gonzalez-Torres sous les pas du public (n’avait-il pas été informer que cette œuvre représente l’un des geste les plus beau, bon et généreux de l’artiste ?).
Pour Sébastien Tellier et Xavier Veilhan (qui n’en finit pas de présenter son Grand Mobile après Pompidou et Art Basel), les affinités qui réunissent leurs travaux sont de l’ordre de la « collaboration luxueuse », « une légèreté » (qui fait oublier, dixit Tellier, le côté chiant et intellectuel de l’art, alors que se sont aussi des termes employés pour qualifier son travail), quelque chose de « classieux ». Les plateformes de Veilhan font rappel aux œuvres de Banks Violette, avec un côté plus gothic-chic, alors que Tellier diffuse des sons assez ennuyeux. Xavier Veilhan collabora aussi avec Alexis Bertrand pour une superbe installation-patinoire, « Boucle » presque atmosphérique et virtuelle.
Y aurait-il une saturation de l’expérience volontariste de l’œuvre ?

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